samedi 8 mai 2010

parole.... et plus si affinités


En un temps où l’on ne vit plus que par procuration une vie de “seconde main” orchestrée par voies de médias imposés qui nous expliquent les tenants et aboutissants d’une “existence mode d’emploi”, et où la revendication d’un “individualisme” n’est là que pour prouver, s’il en était besoin, que l’individu est une espèce en voie de disparition — l’individu étant un type d’être (1), non le fruit d’une attitude existentielle — il est intéressant de voir ce qui, dans la littérature contemporaine, ressort véritablement de l’existence, de plus en plus aléatoire, de cet individu. Autant dire tout de suite que l’on ne trouve pas grand chose à se mettre sous la dent. Mais l’individu étant ce qu’il est, il lui reste toujours la ressource d’utiliser à ses propres fins certaines œuvres, par diverses opérations de détournements et de transpositions. S’il est une œuvre qui, depuis ces vingt dernières années, se prête de façon inespérée à ce genre de manœuvres, c’est bien celle de Carlos Castaneda. Foin des débats contradictoires sur la “véracité” (2) de ses récits. Ce qui importe c’est que sa parole parle, ce qui, de nos jours, se fait rare. Les paroles sont légions, mais la parole est unique, et lorsqu’elle se manifeste on peut être sûr que « rien ne sera plus jamais comme avant ». À ce propos, il ne serait pas inutile de citer ce que dit Christophe Peray des indiens l’Amazonie, dans le numéro de Mai 1982 du magazine Actuel : « Les Indiens tiennent compte des récits que porte le vent sur lequel se laisse emporter la pensée des chamans. Pour eux, le monde se transforme sans arrêt, la Création n’est pas terminée. Une fois dite et connue, la parole repart courir la forêt. Les mots ont une vie indépendante des hommes. L’homme ne fait que les capter. Quand le chaman chante, il emprunte une autre voix que la sienne pour prononcer des mots venus de l’origine du monde. »

Précisons maintenant ce que peut être un individu par les temps qui courent. Ou plutôt, précisons ce qu’il n’est forcément pas. Il ne correspond aucunement à l’idée fort répandue selon laquelle il ne peut s’agir que d’un être vivant dans un état de “fortification”, caréné par un épais blindage. Un être d’une telle nature ne peut qu’être détruit à plus ou moins longue échéance. Aucun blindage ne résiste à la mort. Tout au contraire, l’individu moderne ne s’en tient à rien. Il opte et se dessaisit tout à la fois, il s’implique sans s’expliquer, il se formule et se conjugue sans se prononcer. Et cela pour la bonne raison qu’il vit dans l’inconnaissance et que cette inconnaissance ne le dérange pas. Comme le disait Saint Jean de la Croix, à propos de cette plus haute vertu d’inconnaissance, « si un homme veut être assuré de la route qu’il suit, il lui faut fermer les yeux et marcher dans la nuit ».

Pour accentuer l’intérêt du propos, il faut maintenant citer un personnage qui commence à faire parler de lui, en tant qu’anarchiste et terroriste, dans le petit monde des “chercheurs de Vérité”. Nous voulons dire le fameux U. G., celui qui précise dans un de ses entretiens réunis sous le titre Le mental est un mythe (Les Deux Océans éd., Paris 1988) : « Ma mission, s’il en est une, devrait être désormais de déboulonner toute affirmation que j’ai pu proférer. Si vous prenez sérieusement et essayez d’utiliser ou d’appliquer ce que j’ai dit vous serez en danger. » (op. cit., p. 60). U. G. s’en va répétant qu’il n’y a rien à comprendre. « Vous êtes vivants. Dès que vous introduisez la question : « Comment vivre ? » vous avez fait de la vie un problème. » (op. cit., p. 55). La spiritualité dit-il, « est une invention du mental et le mental est un mythe. » (op. cit. p. 49). Et plus loin : « Les pensées ne sont pas manufacturées dans le cerveau. C’est plutôt que le cerveau se comporte comme une antenne, saisissant les pensées sur des longueurs d’ondes communes — une sphère mentale commune. » (op. cit., p. 66)

Ainsi, l’individu tel que nous l’entendons est en quelque sorte un courant d’air, et s’il perdure cela ne le concerne pas. Passons maintenant à La force du silence, le dernier en date des livres de Carlos Castaneda (Gallimard éd., Paris 1988), où celui-ci s’entretient avec don Juan Matos, son “gourou” mexicain :

« – Si nous bougeons, c’est seulement parce que nous ressentons la pression de la mort. La mort règle nos actions et nos sentiments et nous pousse implacablement jusqu’au moment où elle nous brise et gagne le combat, ou bien alors nous nous dépassons et nous vainquons. Les sorciers vainquent la mort et la mort reconnaît sa défaite en laissant les sorciers partir librement, sans jamais plus être mis au défi.

– Cela signifie-t-il que les sorciers deviennent immortels ?

– Non, il ne s’agit pas de cela. La mort cesse de les défier, c’est tout.

– Mais que veut dire cela, don Juan ?

– Cela veut dire que la pensée a fait un saut périlleux dans l’inimaginable. » (op. cit. p. 121)

Pour en finir avec la mort, encore deux citations. Pour U. G., « seuls les morts s’interrogent sur la mort » (op. cit., p. 95), ce qui nous évoque le fameux « Laisse les morts ensevelir leurs morts. » (Matthieu 8:22 & Luc 9:60) du non moins fameux Jésus de Nazareth.

Si nous avons pris l’œuvre de Castaneda comme exemple de ce qui peut faire office d’adjuvant pour l’individu moderne, c’est bien parce qu’elle témoigne — par le truchement des paroles du “sorcier” don Juan — d’une stratégie de résistance de l’esprit. En la circonstance, il s’agit pour le Mexique d’une résistance de l’esprit vis-à-vis de l’invasion européenne et de son ethnocide systématique. Ce qu’il faut bien voir c’est que cette situation de l’esprit mexicain n’est pas différente de celle de l’esprit qui, en occident, reste réfractaire aux divers mouvements d’abêtissement subversif qui sévissent depuis fort longtemps sur notre vieux continent. Main dans la main, la religion d’État d’inspiration romaine et la religion judéo-chrétienne ont efficacement œuvré pour réduire l’esprit européen à un état ectoplasmique dont les ultimes avatars, sous les espèces du romantisme allemand et les révoltes du mouvement surréaliste, n’ont pas empêché le raz de marée de ce magma innommable que l’on ose nous présenter aujourd’hui comme étant l’esprit moderne. Or, rien de plus obsolète que cet “esprit moderne” qui n’est en fait qu’un amoncellement de résidus et débris divers totalement dévitalisés et issus d’un passé fort récent. Celui-là même qui a vu l’éclosion simultanée des deux derniers rejetons de la lignée des mollusques ecclésiastiques, deux gros vers blancs : le marxisme et le freudisme. En ce qui concerne le mollusque freudien, il faut bien se rendre compte que l’invention de la sexualité (3) ne peut être imputée à Freud mais bien au judéo-christianisme qui, par son travail de sape millénaire, s’est ingénié à répandre de par le monde le concept totalement arbitraire et irréaliste d’une cassure entre l’archétype humain — l’Adam — et l’homme de la génération charnelle. Pour préciser cela il faut faire référence à la notion de Paradis qui, ne représentant pas un lieu, désigne bien l’unicité de la conscience, cette dernière n’étant liée ni aux temps ni aux espaces. Mais il faut quand même souligner que cette conscience ne se manifeste à elle-même que dans la mesure où elle exprime un temps et un espace, mais un temps et un espace ne dépendant en rien des lois inhérentes à ce que nos scientifiques ont voulu déterminer comme étant les dimensions d’un continuum. Ce temps et cet espace spécifiques sont très justement symbolisés par le jardin, l’enclos, qui se dit en latin paradisus. La clôture marque bien la séparation d’un monde qualifié par la présence de l’être, d’avec un autre monde purement abstrait et inhabité. Tout cela pour dire que la fonction même d’un archétype est d’être manifeste, en tout temps et en tout lieu. Mais cette fonction reste toujours exclusive de quelque processus historique que ce soit, que celui-ci soit considéré comme sacré ou comme profane. En d’autres termes, nous dirons que l’archétype Adam ne pourra jamais être déchu du Paradis pour la bonne raison que ce Paradis il le porte en lui (ainsi d’ailleurs que le Purgatoire et l’Enfer, pour s’en tenir à la terminologie cléricale), et que cet Adam ne peut pas ne pas être manifeste, mais cela en dehors de tout processus causal, et que les gestes, histoires, et autres épopées qu’il génère ne sont pour lui rien d’autre qu’autant de songes, heureux ou malheureux, qui ne peuvent en rien affecter la limpidité de sa conscience. (4)

Comme pour le “sorcier” mexicain — livré à ses seules ressources individuelles dans une société soumise aux dictats des grandes manœuvres de décervelage généralisé sous l’égide d’on ne sait quel sinistre fantoche dont le Père Ubu de Jarry et le Big Brother d’Orwell ne furent que les précurseurs littéraires — en Europe actuellement, l’individu, réduit par la force des choses à sa plus simple expression — celle d’un homme traqué — se trouve poussé en dernier ressort à faire appel à sa ressource ultime, qui se trouve être aussi la seule qui n’ait pu être soumise et dévoyée par le totalitarisme ambiant, totalitarisme qui n’est capable d’agir que dans la sphère qui lui est dévolue, celle de l’Histoire avec un grand H, cette sphère où se perpétuent toutes les infamies et les attentats terroristes en tous genres contre l’espèce humaine en particulier, et contre toute forme de vie en général. « Le mental a inventé à la fois la religion et la dynamite pour protéger ce qu’il considère comme ses intérêts les plus importants... Dans ce cas la question du bien et du mal n’a plus cours. Il s’agit de brutes nuisibles, de gens dangereux qui auraient dû depuis longtemps être éliminés et qui sont florissants et prospères. » (U. G., op. cit., p. 56)

Il apparaît clairement de nos jours, que cette ressource ultime sur laquelle l’individu peut faire fonds en y trouvant une force régénératrice inaliénable, est bien la même fontaine de jouvence à laquelle les insoumis peuvent s’abreuver sous toutes les latitudes et sous toutes les formes d’oppressions qui puissent être développées à travers les âges. Cette fontaine de jouvence, il va sans dire, est d’essence métaphysique. Au 17e siècle, le poète allemand Angelus Silésius l’évoquait en ces termes : « Il faut remonter à l’origine. Homme, à son origine l’eau est pure et claire; si tu ne bois pas à la source tu es en danger. ». Il va sans dire aussi que pour établir une percée vers cette source, il ne faut compter que sur soi et laisser de côté les formules proposées par tous les bons esprits qui, voulant aimer leur prochain comme eux-mêmes, s’efforcent d’aplanir la voie en établissant ainsi un enfer pavé de bonnes intentions à l’usage des benêts. « Soyez-en sûr : votre atout, c’est d’être libéré de la libération préconisée par les instructeurs. » (U. G., op. cit., p. 36).

Il faut toujours voir la situation telle qu’elle est et non telle que nous l’expliquent ceux qui se donnent pour tâche de rendre confus ce qui est parfaitement clair, pour ensuite se présenter comme les guides clairvoyants qui seuls peuvent sortir le genre humain du labyrinthe dans lequel il se trouve perdu. Labyrinthe que ces guides ont au préalable pris soin de fabriquer de toutes pièces. « Nous sommes des êtres qui perçoivent. Le monde que nous percevons est pourtant une illusion. Il a été créé par une description qu’on nous a racontée depuis notre naissance. » (don Juan in Histoires de pouvoir de C. Castaneda, Gallimard éd., Paris 1975, p. 96)

Ainsi va le monde, et l’antipsychiâtre David Cooper, lui, voyait bien la situation telle qu’elle est et non telle que les guides nous l’expliquent. « Nous vivons une époque où il est devenu nécessaire de tout risquer. » écrivait-il dans sa Grammaire à l’usage des vivants (Seuil éd., Paris 1976). L’antidote, que Cooper se proposait de donner contre l’aliénation ambiante, reste évidemment sujet à caution du fait que cet antidote reposait sur des visées révolutionnaires qui ont fait preuve par le passé de leur parfaite inaptitude à libérer le genre humain du joug du totalitarisme endémique. Mais, nonobstant cette grave illusion qu’il entretenait sur les soi-disant vertus libératrices d’une action révolutionnaire de masse, Cooper savait à bon escient ruer dans les brancards et attaquer le système étatique là où ses actions semblaient les mieux déguisées et où, précisément, elles étaient les plus pernicieuses. Il démasquait les fabricants de “clairvoyances labyrinthiques” et savait les remettre à leur place.

Il faudrait maintenant considérer l’échéance que l’humanité va devoir payer à bref délai. C’est à dire sa propre disparition, et avec elle, sans faire le détail, la mort de notre planète par asphyxie pure et simple. Échéance découlant fatalement de ces siècles d’agitation issue de la conscience séparée que s’est forgée le genre humain, s’imaginant être autre chose qu’une des branches de l’arbre cosmique, et allant jusqu’à croire en être le tronc. Et un tronc qui pourrait se passer de ses racines et de ses ramures. Tout cela pour faire moins désordre.

L’espèce humaine, dans sa prétention à vouloir dominer l’ensemble du cosmos, s’est fabriqué une conscience que l’on peut définir comme une conscience eunuque. Une des caractéristiques de cette conscience est de ne pouvoir supporter l’idée qu’en face, c’est à dire en dehors de son petit monde artificiel, il y ait quelque chose qui forcément lui reste incompréhensible, à savoir cette profusion multiforme et anarchique qu’est le réel. Ce réel que la conscience eunuque ne peut jamais effleurer, ne serait-ce qu’en rêve, sans immédiatement ressentir par contrecoup toute la précarité de sa ridicule situation. Situation tellement ridicule que, pour se donner le change, la conscience eunuque a fébrilement élaboré ce système compensatoire qu’est l’appareil religieux, classiques rapports de maîtres à esclaves, échelonnés dans la plus pure ligne sado-masochiste qui puisse être. D’un côté, la conscience eunuque opprime la vie qui est un constant démenti à ses prétentions. Et d’un autre côté, elle évacue sa mauvaise conscience en créant à son image un dieu vindicatif et rancunier qui, à son tour, l’opprime et la punit, elle, de cette faute première et inexpiable qui l’écrase chaque jour : le fait d’être, et d’être encore, et d’être toujours. Pour parachever cette parfaite mécanique sadienne, on a inventé le Messie, qui est à la fois l’huile dans laquelle baigne les rouages, et la graisse grâce à laquelle le cuir des fouets conserve toute sa fraîcheur.

Notre point final, la mort de notre planète, est l’occasion inespérée pour tout individu qui se respecte, de remettre les pendules à l’heure. C’est le moment où jamais de démasquer les diverses supercheries qui ont bercé nos parents et grands-parents. Nous voulons dire : la religion, l’humanisme, la philosophie du progrès, et tutti quanti. Tous les subjectivismes porteurs d’idéologies s’échouent comme des mollusques sur les plages de la fin des temps. Nous entrons dans la phase finale de notre Histoire, où un seul événement émerge du fatras pseudo-réaliste. Et cet événement, dévoilé à la face de l’infini, est le seul qui soit objectif. À savoir que l’humain ne s’avère être, ni plus ni moins, qu’une production parasite dont va périr la Terre. Nous pouvons d’ores et déjà mettre au placard tous les costumes dont nous nous sommes entichés durant des millénaires. Nous ne sommes ni des dieux, ni des démons. Ni des homo sapiens, ni des homo faber. Il s’avère que nous ne sommes finalement qu’un genre de vermine pullulante, ayant dans le cosmos pour seule fonction que d’étouffer toute forme de vie par notre propre processus d’autodestruction. Face à cette blafarde révélation, chacun cherche sa petite consolation, genre dernière cigarette avant l’exécution. Voilà pourquoi l’individu, seul dépositaire de sa conscience, peut à notre époque, plus aisément qu’en une autre, se dégager des diverses embrouilles dont nos bons samaritains se sont ingéniés à maquiller celui-ci, au point qu’il ne peut se reconnaître en rien. Fin de partie, il ne reste à chacun qu’à ranger les pions dans leurs cases, et aller faire un tour à la brune avant de se pieuter. Au minuit de la Terre, les émetteurs s’arrêteront. Radio-Vatican, Radio-Marketing, Radio-Umanitas, Radio-Potaetos, leurs émetteurs sont branchés sur des magnétos qui tournent en boucle. Il n’y a personne dans les studios. Inutile d’attendre la suite, il n’y en aura pas. On peut fermer son poste et se passer un disque de house music, c’est beaucoup plus amusant. La leçon du jour est : la forme humaine n’est qu’une forme parmi d’autres. L’être humain n’est qu’un des aspects — particulièrement répugnant — de l’être. Il n’est qu’une des manifestations — une des plus abjectes — de la conscience. Que nous reste-t-il à faire avec cette engeance ? Strictement rien. Bien entendu, nous assumerons jusqu’au bout notre manifestation. Après : bonne nuit les petits. Il est plaisant de croire que, quelque part dans l’univers, notre lamentable fin ne manquera pas de réjouir certains êtres nés pour enrichir le cosmos, non comme nous pour l’enlaidir.

Pour finir sur une note optimiste, que nous nous garderons bien de cautionner, nous citerons encore don Juan : « Les sorciers disent que la situation critique où se trouve l’homme est le contrepoint de sa stupidité et de son ignorance. Ils disent que l’homme a, plus que jamais aujourd’hui, besoin d’apprendre de nouvelles idées concernant exclusivement son monde intérieur — des idées de sorciers, non pas des idées sociales, mais des idées qui se rapportent à l’homme en face de sa propre mort. » (C. Castaneda, La force du silence, p. 231)

Mais en définitive, allant outre ces sentiments par trop relatifs que sont “optimisme” et “pessimisme” (5), ce qui importe est bien cette possibilité, présente à jamais pour la conscience, de se libérer des limites imposées par l’oppression de la dictature idéologique d’une espèce déterminée, en l’occurence l’espèce humaine. « Un guerrier doit laisser tomber la forme humaine pour changer. » (C. Castaneda, Le second anneau de pouvoir, Gallimard éd., Paris 1979). Changer ne signifie là pas autre chose que rétablir cette conscience dans sa véritable perspective, qui ne peut pas plus être celle de l’espèce humaine, que celle de tout autre espèce. Libre par excellence, la conscience ne peut se révéler pleinement à elle-même que par-delà les aspects sous lesquels elle se manifeste.

Août 1989





NOTES

(°) Ce titre se veut un hommage rendu à L’extricable de Raymond Borde (É. Losfeld éd., Paris 1964), le plus remarquable manifeste anarchiste que le monde moderne ait suscité.

(1) Nous pourrions même dire « l’individu étant le propre de l’être », puisque le mot “individu” s’origine dans le latin indivisus, c’est à dire indivisible. La puissance du chaos ne régnant que par la division; seul l’individu qu’on ne peut diviser contre lui-même reste inentamable.

(2) Un bien lugubre mot. Le manque d’imagination de nos contemporain

jeudi 21 janvier 2010

le trou noir

ceci est une galaxie spirale,comme la notre,avec en son centre un trou noir qui nous aspirera un jour ou l'autre.

Ce que je veux dire, c'est que une fois dans la rue il est très difficile d'en sortir, autant difficile que de sortir de l'alcool ou de la drogue ou de tout autre addiction. En fait, c'est comme se rapprocher d'un trou noir, on y est aspiré irrésistiblement jusqu'à complète désintégration, et donc il faut un courage et une force inouïe pour empêcher cette attraction et donc sortir du champ gravitationnel. Et même après cela, la route reste longue à faire pour retrouver dignité, respect, et relations humaines. L'autre soir, à la télé, je suis tombé par hasard sur une émission présentée par Ardisson qui recevait deux jeunes qui vivaient sous une tente dans un bois près de Paris, et j'ai presque été gêné de voir et d'écouter s'exprimer ces deux jeunes sur un plateau télé ironique et narquois, et à la fin de l'émission recevoir une invitation pour un repas chaud au Quai d'Orsay je crois ; j'ai eu la vague impression que recevoir ces deux jeunes faisaient un bon effet pour la chaîne, et que peut-être un logement leur serait attribué, c'est du moins le sous-entendu général laissé par l'émission. Je suis vraiment heureux pour eux, et pour les autres, s'ils peuvent trouver un toit avant d'être démoli par l'attraction du dit trou noir. Tout cela peut sembler pessimiste, mais c'est une triste réalité en France, et les mesures sociales prises (simple couverture pour cacher la misère) ne sont pas à la hauteur de la situation de précarité dans laquelle vivent des centaines de personnes. Ce qui pourrait donner à penser, que dans les prochaines années, des bidonvilles émergent autour des grandes villes avec leurs propres lois et leur propre code comme l'on peut le voir dans certaines mégapoles ou simplement dans le film banlieue 13. Je n'ai plus jamais rencontré d'anciens clochards avec qui j'avais un peu noué des relations plus ou moins alcoolisées, et s'il y en a qui lisent ce petit mot, ils peuvent laisser un commentaire ….. Tout le mode est le bienvenu….. Mais, de ceux qui sont partis dans les années 70 pour parcourir le monde et ses environs combien en sont revenus sains et saufs ? j'imagine que très peu peuvent encore témoigner et je suis heureux de m’en être sorti plus ou moins bien et je traîne un long manteau de solitude et de désespoir qui de temps en temps semble si léger que la vie me semble belle, donc tout n'est pas si négatif et je remercie encore toutes les personnes qui ont eu confiance en moi et m’ont soutenu pendant que j’errai sur des routes froides et inhumaines ; ce qui m'a sauvé aussi, a été le besoin de continuer à marcher, au lieu de rester sédentaire, et donc toujours de rencontrer des gens et des environnements différents. Pour changer de sujet je recommande l'excellent film Serafine, avec la très humbleYolande, avec une belle histoire, de belles images, moi qui n'aime pas en général les films biographiques je recommande au moins celui-ci, mais bon chacun fait comme il veut je ne suis ni critique ni philosophe ni écrivaillon je ne suis qu'un bonhomme qui a trouvé un toit et qui se sent un peu heureux.


mercredi 20 janvier 2010

dimanche 13 décembre 2009

Déjà noel!



Bonjour bande de petits veinards! dans un prochain karma ,ce sera moi mais pour le moment je me trimbale avec une sale gueule et un corps pas terrible et je me sens vieillir à vue d'œil,ce qui n'arrange pas mon caractère ulcéré et râleur .
hello! Donc, j'ai eu une vie de vagabondage durant presque 20 ans, mais pas à temps plein, heureusement d'ailleurs, sinon je serais sans doute mort;tout au long de cette errance j'ai été plusieurs fois accueilli, hébergé, choyé, sans doute aimé par des personnes de sexe féminin, précisons-le, qui ont essayé de me redonner le goût de vivre, un peu d'humanité, de joie, de plaisir, et de dignité. Toutes ces personnes ne se reconnaîtront pas mais je tiens à leur témoigner tout mon amour, mon respect, et un sincères remerciements pour toute l'aide qu'elles m'ont apportée.
maintenant, jevis en Ardèche seule avec ma chienne et je suis célibataire et sans enfant et sans doute je n'en n'aurais jamais, ce qui est sans doute mieux ; donc, un besoin se fait sentir de laisser quelques traces sur Internet, puisque je ne trouve aucun autre support, et même si tout le monde s'en fout, ça restera quand même. Donc, j'ai vécu à Paris, à Nice, a Rodez, dans le Gers, et d'autres coontrées en France, ainsi qu'au Pakistan, Afghanistan,dans les années 70. Ce qu'on appelait jadis la Route, ou comment devenir clodo vite fait bien fait , fut un échec et un gâchis mais je ne regrette rien 'ou si peu' mais si c'était à refaire je m'y prendrai autrement.